Géographie du hasard : il y a quinze ans, je me suis installée à Cologny. Ici, mon fils est né, a grandi. Ici, est advenu l’essentiel.
Chaque jour, durant son enfance, nous allions faire une promenade au Port de la Belotte. Le lac, des galets, les ciels changeants sont devenus le décor de notre vie. Sur ce petit bout de chemin en terre, au bord de l’eau, à travers les yeux neufs de l’enfant, j’ai renoué avec mon rapport vivant au monde ; l’émerveillement.
Restent aujourd’hui les souvenirs. Restent aujourd’hui quinze carnets de notes, ainsi que trois marqueurs de temps et paradoxalement d’immobilité : le lac, le ciel et les galets. C’est à partir de ces signes que j’ai composé cette exposition, entre errance, reflets, déchirure et lutte contre l’absorption.
C’est à cette promenade que j’invite le visiteur, au-delà des souvenirs personnels, et à cette double interrogation : Qu’est-ce que la mémoire, qu’est-ce qu’être au monde ?
Le temps efface tout comme effacent les vagues
Les travaux des enfants sur le sable aplani
Nous oublierons ces mots si précis et si vagues
Derrière qui chacun nous sentions l’infini.
Extrait d’un poème de jeunesse de Marcel Proust, Je contemple souvent le ciel de ma mémoire
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Un livre a été publié à l’occasion de l’exposition : Le ciel de ma mémoire
4 août 2008 – 26 juillet 2020