Vues d’exposition
Marcel
2023
Sept ans après l’exposition à la Galerie Patrick Gutknecht, MONSIEUR MARCEL HASS 1931 – 2015 – la galerie Art Now Projects réactive l’exposition en collaboration avec la galerie Patrick Gutknecht.
« Quand j’ai connu Marcel Hass, il savait qu’il allait mourir.
Il m’avait contactée car il avait entendu parler de mon intérêt pour les films amateurs, et il souhaitait les transmettre à quelqu’un. »
Ainsi commence le récit de la rencontre de l’artiste avec Monsieur Marcel Hass.
Un an plus tard, Marcel Hass est mort, et Emmanuelle Michaux décide d’exhumer sa mémoire.
Plutôt que de montrer ses films, l’artiste choisit d’en extraire des photogrammes, de rompre le mouvement pour tenter de retrouver l’essence de leurs échanges devant ce flux d’images qui représentait sa vie.
Un dialogue s’installe entre ces images fixes et des bribes de souvenirs que Marcel Hass a partagés avec l’artiste pendant les projections des films.
L’œuvre prend place au milieu de meubles de Marcel Hass qui sont à vendre.
Sept ans ont passé. Que reste-t-il de cette rencontre dans la mémoire de l’artiste et les objets, films et meubles, qui en témoignaient ?
Le passage du nom Monsieur Marcel Hass au simple prénom Marcel opère comme un révélateur d’une appropriation et d’une dilution de cette rencontre dans la mémoire même de l’artiste au fil du temps.
S’il y a sept ans, la question qui se posait était Monsieur Marcel Hass a-t-il réellement existé ? A cette question s’ajoute aujourd’hui l’effet du passage du temps sur l’œuvre et son concept.
Comme dans One and Three Chairs l’œuvre de l’artiste américain Joseph Kosuth, Emmanuelle Michaux interroge le rapport entre le réel et sa représentation visuelle, narrative et incarnée dans la matérialité du meuble, et nous invite à réinterroger ce conflit entre la vérité et l’illusion à la lumière de la mémoire et du temps qui passe.
Si l’installation s’offre encore comme une tentative de restitution de la vie de Marcel Hass, le changement d’espace d’exposition, la disparition de certains meubles, et la nécessité de présenter les œuvres d’une manière concentrée et parcellaire opère comme un révélateur du fonctionne même de notre mémoire épisodique, si bien décrite par Marcel Proust dans l’épisode de « la petite madeleine ».
Que Marcel ait existé ou pas, importe encore une fois peu. A travers cette exposition réactivée, l’artiste renvoie chacun à sa propre mémoire et au temps qui passe.