Sur terre les humains passent comme des feuilles : si le vent fait tomber les unes sur le sol, la forêt vigoureuse, au retour du printemps, en fait pousser bien d’autres ; chez les hommes ainsi les générations l’une à l’autre se succèdent.
L’Iliade chant VI, Homère
Ce collage associe une photo d’anonyme, une feuille d’automne séchée et un texte.
Le texte est une liste fictionnelle, à la première personne, de choses aimées ou détestées. En ce sens, cette liste donne une identité à un anonyme, un corps qui se définit par ses goûts, sa différence.
Les mots donnent vie, la feuille d’arbre et la photo se souviennent.
Dans Roland Barthes par Roland Barthes, Roland Barthes écrit : J’aime, je n’aime pas : cela n’a aucune importance pour personne; cela, apparemment, n’a pas de sens. Et pourtant tout cela veut dire : mon corps n’est pas le même que le vôtre. Ainsi, dans cette écume anar¬chique des goûts et des dégoûts, sorte de hachurage distrait, se dessine peu à peu la figure d’une énigme corporelle, appelant complicité ou irrita-tion. Ici commence l’intimidation du corps, qui oblige l’autre à me supporter libéralement, à rester silencieux et courtois devant des jouissances ou des refus qu’il ne partage pas.