Quand à 12 ans Emmanuelle Michaux réalise son premier court métrage, elle rêve de faire des films, tandis que son comédien, du même âge, rêve de devenir danseur.
Trente plus tard, à l’occasion d’un spectacle de cabaret que cet ami d’enfance donne dans un hôtel, l’artiste décide de le filmer. Filmer l’envers du décor, la distance entre leurs rêves d’enfants et le réel.
A la même époque, l’artiste s’intéresse à l’histoire de l’assassinat de Sissi par un anarchiste à Genève. Elisabeth d’Autriche est la petite fille sauvage devenue par devoir Impératrice. Lui, c’est Luigi Luccheni, l’anarchiste italien, qui à force de misère, choisira de tuer celle qui a toujours désiré mourir.
Un texte et un projet de film naissent de cet entrecroisement, à priori sans lien, mais qui en réalité interroge, à travers deux parcours, l’un banal, l’autre historique, la prédestination sociale et le libre arbitre.
Le film, qui intéresse un producteur, ne trouve finalement pas de financement. Restent les rushs et soixante pages qui devaient faire la voix off du film.
L’artiste décide de faire œuvre malgré tout, et offre, comme un acte de « non résignation », l’anatomie de ce travail fragmentaire dans une installation.
Une série de séquences issues des rushs sont proposées sur des écrans, tandis que le texte est offert par bribes. Au spectateur de faire de ce work in progress un travail achevé dans sa propre intimité.